Lettre à un ami :
« Le mal aimé »

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Mon cher ami,

La récente conférence de Singapore a baigné dans une atmosphère de grand optimisme quant au niveau d’activité des prochaines années. Tant mieux ! Certains se sont étonnés que dans un tel contexte les fournisseurs peinent à trouver repreneurs. Ils se demandent aussi pourquoi les Nokia et TE Connectivity souhaitent se séparer d’une activité aussi prestigieuse, aussi essentielle et même aussi stratégique ! Ces questions démontrent à quel point notre communauté s’est éloignée de certaines réalités. Ma question à ceux qui posent ces questions : Seriez-vous tentés par un job dans une usine de câbles sous-marins ?

Développer, fabriquer et installer des systèmes de câbles sous- marins, clés en main, cela nécessite des compétences très nombreuses et très diverses. Il y faut au moins trois métiers, trois cultures très différentes : le câble, les équipements télécom, et les travaux en mer. Il faut investir dans des machines, des bateaux et de la R&D. Il faut être un industriel ce qui n’est plus très porteur de nos jours. Les grands managers et les investisseurs préfèrent la spécialisation en  un « cœur de métier ». Le soft a détrôné le hard. Notre activité n’échappe pas au processus de désindustrialisation.

Mais il y a une raison plus fondamentale que personne ne veut voir : être fournisseur, « ça ne rapporte plus ». Les comptes d’exploitation sont négatifs ! Je t’entends déjà rire de moi mon cher ami ! C’est pourtant la pure vérité !

Les fournisseurs ont su dans un premier temps encaisser ou proposer les baisses de prix par des efforts de modernisation des outils et des « process ». Mais les limites ont été atteintes alors que la pression sur les prix continue et reprend même de plus belle avec l’entrée en lice des GAFAMs.

Depuis deux décennies la culture de l’« acheteur pur et dur » a pris le pas sur la culture de la « compréhension mutuelle », où un contrat se devait d’être bon pour les deux parties. J’ose dire qu’il s’agit là d’un jeu mortifère, car il n’était pas nécessaire d’obtenir des prix aussi bas pour mettre en place un réseau mondial performant. On pressurise le fournisseur par jeu et par des méthodes souvent inélégantes puis on installe des systèmes trop nombreux, surabondants et donc coûteux !

Un peu de vision à long terme ferait du bien !


Jean Devos
AQEST Senior Advisor


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